Eli, jeune adolescent de Détroit, erre dans une usine désaffectée où il découvre par hasard une arme surpuissante, d’origine inconnue, qu’il ramène chez lui. Mais passé l’amusement, Eli réalise qu’on ne soustrait pas impunément une arme aussi redoutable : il se retrouve recherché par des criminels, par le FBI, et par ceux qui semblent être les propriétaires légitimes de l’arme futuriste. Accompagné de son grand frère et d’une jeune danseuse, Eli n’a d’autres choix que de fuir, emportant avec lui un seul bagage : cette mystérieuse arme…

Quelle bonne surprise que ce film de SF qui cache bien son jeu!

En effet, Kin n’est pas tant un film fantastique qu’un road movie dans l’univers brutal et triste d’un jeune afro-américain de Détroit. Cette ville en ruines, déjà exploitée dans It follows par exemple, met tout de suite dans l’ambiance: ce qu’on va voir n’est pas un film de SF traditionnel, mais plutôt une « coming-of-age story » doublé d’un magnifique road movie à travers les étendues sauvages américaines. Et c’est la grosse surprise du film, car je m’attendais à une SF très typée à la Stranger Things (de par les producteurs du film) alors qu’on nous propose quelque chose de bien plus profond au final (la SF n’apparaissant réellement qu’à la toute fin, si l’on excepte bien sûr l’arme étrange que trouve Eli).

J’ai été très vite séduite par l’ambiance développée par les frères Baker, mais aussi par les personnages bien construits et leur évolution. Si bien sûr on retiendra Myles Truitt incarnant Eli, jeune homme timide et orphelin de mère, j’avoue avoir été très touchée par son frère Jimmy qui passe du jeune rebelle archétypal à l’adulte responsable.

Mais c’est doute à Zoë Kravitz (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa mère!) que revient la palme dans ce film où elle nous dévoile un jeu brillant, tout en subtilité et humour.

James Franco joue un méchant très méchant qui certes n’est pas très subtil, mais le personnage est tellement caricatural qu’il permet des pauses comiques dans un film au final bien sombre.

Car c’est un peu la principale surprise du film: loin de proposer des effets spéciaux délirants, Kin s’attache bien plus aux problématiques des personnages, mais aussi aux problématiques de villes Américaines en décomposition dans lesquelles sévissent pauvreté et trafics en tout genre. Eli vit dans un monde brutal et noir que son père adoptif s’efforce d’atténuer et pourtant le jeune garçon ne cesse d’avoir des problèmes à l’école. Le but du film n’est pas tant de nous montrer un monde fantastique que de mettre en avant les réels problèmes de milliers d’adolescents qui se retrouvent malgré eux embarqués dans des histoires d’adultes qu’ils ne maîtrisent pas. Le film est une sorte d’appel pour aider tous ses jeunes issus des minorités et habitants des villes économiquement dévastées; un message qu’on n’a pas vu jusqu’alors dans un blockbuster SF!

Alors oui il y a des défauts et des petites longueurs, mais au final Kin est vraiment un film surprenant et intelligent qui nous prouve qu’il est possible de proposer des films grand public subtils et originaux.