Si les livres se suivent sans se ressembler aux Editions Interkeltia, il en va de même pour leurs auteurs. Après l’Apocalypse selon Neptune, écrit par un yogi immergé dans la conscience supramentale ayant pris le nom de Natarajan, arrive un roman rédigé par un duo bien éloigné des poncifs édulcorés de la littérature ordinaire. En effet, Oksana est une ancienne star du X, ceinture noire de judo et passionnée de cosmologie comme de civilisation égyptienne. De son côté licencié en Egyptologie et ex-dirigeant de la FNAC, Gil Prou est féru de philosophie néoplatonicienne mais aussi de poésie. Un duo étonnant qui en est déjà à son second roman publié (le premier étant Cathédrales de brumes aux éditions Rivière Blanche). Voici venir Katharsis dans la collection AnticipaXion.
Dans un futur extrêmement proche, 2033, l’humanité a continué sa dérive dans le massacre journalier de la planète qui est devenue surpeuplée, polluée, surchauffée et affamée. Résultat: bien peu de changement en dehors de la noosphère devenue une réalité. Imaginée par Teilhard de Chardin, elle est une structure immatérielle contenant les connaissances de l’humanité sous une forme bien plus puissante que Internet.
Bref, la société en est là de son existence peu enviable lorsque survint un ultimatum mondial signé Katharsis. Derrière cette lettre, totalement anachronique dans un système tout numérique, se dissimule une organisation écoterroriste indéterminée. Leurs revendications: voir l’humanité diminuer de 50% les émissions de gaz à effet de serre; l’arrêt définitif de la déforestation des zones tropicales; et enfin abolir totalement l’esclavage économique. La durée de l’ultimatum: moins de dix-jours. La sanction en cas de déni de leurs demandes: une catastrophe cataclysmique!
Autant dire que cette missive fait l’effet d’une lourde pierre dans une mare. Aussitôt, les avis vont bon train. De l’homme du peuple aux dirigeants politique, tout le monde «voit midi à sa porte». Certains pensent à un canular, d’autres songent à de faux écologistes mais vrais terroristes, et d’autres encore frissonnent déjà en songeant aux conséquences planétaires de représailles épouvantables. Bien évidemment, dans les plus hautes sphères, il n’est pas question de céder au chantage, comme il n’est pas du tout envisageable de baisser son niveau de confort afin d’améliorer l’air de la planète. Sa majesté «argent» continue de gouverner les nantis. Pourtant, la véritable question que bien peu se posent est: «l’organisation écoterroriste ira-t-elle au bout de sa menace?».
Katharsis est un roman singulier porté par un style atypique. Face à un ultimatum lancé à la face du monde, le récit permet de suivre de nombreuses personnes dans leurs questionnements ou leurs errances durant la durée prédéfinie par le premier message. Si les recommandations semblent parfaitement en accord avec la survie du plus grand nombre, comment savoir jusqu’où peuvent aller les individus tant dans leurs choix que dans leurs extrémismes?
Véritable miroir de l’humanité confrontée à l’une des plus incroyables sommations de toute son histoire, Katharsis risque fort de mettre un doigt «là où cela fait mal». Pour un réveil des consciences peut-être?