L’automne est une saison propice à l’apparition des champignons dans nos forêts, mais également des gnomes et lutins en nos foyers. Vous en doutez ? Jetez un œil chez votre libraire, vous y trouverez Le Grand Livre Secret des Gnomes, Lutins et Farfadets aux éditions Véga. A côté des superbes illustrations de Charline, les textes de Richard Ely nous entraînent dans une féerie presque palpable. Entre histoires et anecdotes, les lutins livrent tous leurs secrets dans un bel ouvrage aux pages parcheminées et sous une couverture luxueuse et matelassée. Rencontre avec Richard Ely autour de cette sortie lutine…

Khimaira : Une question simple pour débuter, pourquoi un livre sur les gnomes ?

Richard Ely : Pas que les gnomes, les lutins et les farfadets aussi. Je voulais depuis longtemps écrire un Beau Livre au sujet des petits gardiens de nos maisons, nos jardins et de notre nature. Il a fallu croiser le chemin de Charline, experte en bouilles grimaçantes, pour entrevoir la possibilité de concrétiser ce rêve. J’avais précédemment collaboré avec elle sur le thème des plantes sorcières aux éditions Au Bord des Continents, je la suivais depuis un bon bout de temps et connaissais bien son univers. Un livre avec elle sur les gnomes, lutins et farfadets était une évidence.

K : Il n’y a pas beaucoup de livres sur les gnomes, comparé aux fées, un avis là-dessus ?

R.E. : Oui, il y a moins de livres sur les gnomes que sur les fées. Plusieurs raisons à cela. D’abord, les livres féeriques sont surtout liés aux pays anglo-saxons et le terme fairies, qui englobe tout le petit peuple, est souvent traduit par les fées en français, un peu réducteur donc. Ensuite, la France a un passé de contes de fées, les Belles Dames sont donc un peu les vedettes de la féerie par ici. Mais dès que l’on creuse un peu, on voit des lutins partout ! Les Korrigans bretons, peut-être les lutins les plus connus de nos jours, étaient à l’origine des fées, des êtres féminins, petite revanche donc… Enfin, en Belgique, les Kabouters et les Nutons supplantent de loin les fées et si je remonte encore d’un pays, on a le fameux livre de Rien Poortvliet et Wil Huygen, succès mondial, qui a popularisé les Kabouters (traduit par les Gnomes en France). Donc, finalement, je ne suis pas certain qu’ils soient sous-représenté côté librairies, en tous cas, ils sont loin de l’être dans les campagnes. Peut-être ont-ils une connotation littéraire enfantine… Mais la matière gnomesque et lutine est très riche, il y a de quoi écrire !

K : Je rebondis là-dessus, y aura-t-il une suite dans ce cas ?

R.E. : Trop tôt pour le dire, mais j’espère en effet pouvoir travailler encore le sujet, oui. Pas vraiment une suite, car ce livre n’est pas une histoire… Mais un morceau de puzzle en plus pour compléter cette œuvre autour de la féerie, oui, ce serait formidable de pouvoir encore faire de tels livres.

K : Les histoires sentent bon une certaine nostalgie, on a parfois l’impression que c’est du vécu…

R.E. : Tout mon travail est basé sur les recueils de témoignages des folkloristes d’antan, sur mes voyages aussi, sur les traces des fées. A chaque voyage, j’ai pu vivre des expériences troublantes, mais aussi, j’ai pu échanger avec des dizaines de personnes vivant un lien particulier avec les fées. On dit que derrière une légende, il y a toujours un fond de vérité, que le mythe est toujours vrai. Pour moi, c’est une question de regard. Je suis un fervent défenseur d’une Nature sacrée. Alors, oui, je tisse mes histoires avec des fils de vérité, c’est peut-être là le don reçu des fées…

K : Le livre est sorti fin août, y a-t-il déjà un bon retour des lecteurs ?

R.E. : Ah oui, formidable ! Il faut dire que le livre devait sortir fin mai et que plusieurs passionnés l’attendaient depuis lors. Certains libraires ont été littéralement dévalisés. Je suis très reconnaissant envers mes lecteurs qui me suivent sur Facebook, sur Instagram ou sur mon blog, Peuple féerique. Ils mettent en scène mes livres, c’est génial, très vivant. Ils démarchent les librairies et aident à faire connaître mes livres et la féerie aussi. Je peux vraiment compter sur cette incroyable et dynamique communauté de lecteurs. J’espère leur rendre à travers mes livres ce qu’ils m’apportent chaque jour.

K: Pour nos lecteurs, comment décrire ce dernier livre ?

R.E. : Alors, Le Grand Livre Secret des Gnomes, Lutins et Farfadets est divisé en trois parties. La première parle des gnomes, proches de nos demeures, des hommes. Les lutins, eux, se préoccupent plus de la nature, mais sont curieux des humains et très farceurs ! Les farfadets de la dernière partie sont des êtres du sauvage, liés viscéralement aux éléments. En réalité, tous appartiennent à la même essence, mais l’idée était de pouvoir montrer des niveaux de proximité ou d’éloignement avec nous, les humains. Ensuite, le livre est composé de quinze histoires entrecoupées de tableaux illustrés concernant les habitudes, les mœurs du Petit Peuple. C’est un Beau Livre qui respire, qui se lit en picorant, qui s’emporte au jardin ou en forêt.

K : Ces trois sortes de lutins se ressentent aussi via les illustrations de Charline ?

R.E. : Oui, bien sûr, son travail a été remarquable. Des bouilles de gnomes avec leurs chapeaux pointus des premières pages, aux êtres aériens, enflammés, terreux des dernières pages, on sent bien la différence désirée. Et puis, elle a un vrai don pour reproduire le caractère joyeux, drôle, farceur des lutins. Le lecteur passera des heures à contempler tous ces détails, ces visages expressifs et les jolis animaux qui accompagnent les lutins.

K : Le mot de la fin ?

R.E. : N’oubliez pas d’offrir au gnome, gardien de votre foyer, la première part de tout gâteau sorti du four, il vous le rendra bien !

K : Merci Richard d’avoir pris un peu de temps pour répondre à nos questions.

R.E. : De rien Christian, c’est toujours un plaisir !