D’une certaine façon, le gendarme Dominique Tassi a une chance. Celle que ses collègues lui accordent en essayant de l’aider à arrêter de boire, en le couvrant, en le préservant. C’est sa seule chance, car il porte le poids de la mort de sa fille. Quelques années plus tôt, il n’aurait jamais dû boire avant de prendre le volant. Étouffée, l’affaire n’a pas été mise au jour, mais il ne s’en est pas remis. Son divorce, ce fils qu’il ne voit qu’une fois toutes les quinzaines, voilà ce qu’est devenue sa survie. L’alcool l’aide. Elle le perd également.

Tassi va se trouver en 2005 au premier plan d’un crime odieux. Au cœur de l’Ardèche, une fillette disparaît, et même si tout le monde se connaît dans ce petit village, l’enquête n’est pas évidente. C’est une fois encore, pris dans ses brumes alcoolisées, que Tassi va retrouver l’enfant, morte, violée, torturée. Et près d’elle, il y a Gabin, le berger, le marginal, celui qu’on regarde de travers. Une affaire criminelle rondement menée, malgré les protestations du jeune homme.

En 2017, Tassi va se voir obligé de prendre sa retraite. En 2019, il va devoir sortir de son naufrage alcoolique. En effet, un nouveau crime similaire vient d’être découvert dans l’Ain voisin. Alors qu’il commence à remuer ses anciennes relations professionnelles, un tueur se lance en chasse et tente de le tuer. Tassi ne va pas pouvoir tenir seul longtemps.

Autour de lui, il rassemble Nathan, un jeune auteur à succès qui est spécialisé dans les tueurs en série et Emma, une avocate de talent qui va commencer à mener l’appel pour permettre à Gabin de retrouver sa liberté et son honneur. L’affaire va alors prendre un second souffle et de nombreuses pistes vont être mises en lumière, malgré l’hostilité de la gendarmerie locale qui n’apprécie pas qu’on vienne piétiner ses plates-bandes.

Antoine Renand s’est déjà fait remarquer avec L’empathie, son premier thriller qui n’est pas passé inaperçu et lui a valu le prix des lecteurs Gouttes de sang d’encre. Fermer les yeux est son deuxième roman. La science du récit qui empêche le lecteur de poser le livre est bien présente. Le principal talent de l’auteur est dans la caractérisation qui forge tous les personnages et fait remonter à la surface leur cavalier noir et leurs terreurs. Cette traque au prédateur est menée tambour battant et, jusqu’à la fin, les révélations vont tenir le lecteur en haleine.