En prenant en main L’autoroute, écrit par Michaël Moslonka et publié aux Editions Faute de frappe, le lecteur comprend sans mal qu’il a affaire à un « road trip ». En parcourant le quatrième de couverture, il semble évident que le roman est même plutôt un « bad road trip ». Mais, à la vérité, au fil de la lecture, il s’avère que L’autoroute est un « very bad road trip », voire même, un « road-tripes » comme indiqué sur le résumé.

Alors, Camus, le personnage principal, est un quidam moyen ; il a des TOC, des doutes, des angoisses existentielles, des remords, bref un homme très moyen. Après des années de vie dans son petit train-train quotidien, bien à l’abri dans son modeste appartement, en cohabitation pacifiste avec ses chats, Camus accepte l’invitation d’un vieil ami. Il quitte donc son existence pantouflarde pour ce qu’il pense être un intermède plaisant loin de chez lui. Des sortes de vacances, quoi… Et, lorsqu’il y a de la route à faire, naturellement, le chemin le plus court est l’autoroute.

Exactement 661 kilomètres de voyage plus tard, Camus se gare dans un restoroute afin de souffler un moment en buvant sa dose de caféine. Quelle erreur !

Tout d’abord, il se trouve simplement en présence d’un panel représentatif de la population ; des jeunes, des vieux, des amoureux, des anxieux, des bizarres. Toute la palette des pigmentations et des allures semble présente. Un monde en miniature. Rien de bien méchant ? Sans doute, dans la plupart des cas. Mais pas en l’occurrence.

Un auto-stoppeur apparaît quémandant de l’aide. Bien évidemment, aucun des spectateurs stéréotypés ne semble enclin à aider son prochain. Et c’est là que le récit s’emballe, laminant les protagonistes, maculant l’asphalte de sang, froissant des tôles, le tout dans une débauche de réflexions et de fantastique pur…

Inutile d’aller plus loin pour ne pas gâcher la joie de la lecture. Ce qui serait franchement dommage !

L’autoroute est une sorte de huis-clos, mais à ciel ouvert, en plein soleil, sur une voie goudronnée empruntée par des milliers d’automobilistes toute l’année. L’occasion pour Camus de plonger au plus profond de la psyché humaine. Il y mesurera la puissance de la xénophobie, de l’individualisme, de la lâcheté, de la violence larvée, jusqu’à une explosion de haine au paroxysme du récit. Cela permettra également au personnage principal de sonder son propre psychique en écoutant les voix de sa conscience et de sa morale. Un voyage en enfer à tous les sens du terme !

Bref, si vous appréciez les récits déjantés (un terme de circonstances) où les morts et la folie font bon ménage dans le style ciselé de Michaël Moslonka, alors, n’hésitez pas un instant avant de vous engager sur L’autoroute

Bonne route, non, pardon, bonne lecture !

Note : les fans de Michaël Moslonka sont déjà informés, mais, pour les autres, sachez que L’autoroute est la réédition remaniée de « 666ème kilomètre » édité chez feu « Fleur Sauvage ». Pour les curieux, allez donc lire l’interview réalisée par WHOOZONE.COM à l’époque.