C’est l’événement de la semaine dans la sphère Internet des fans de mangas, de japanime et de S.-F. : après Dragonball Evolution (2009) de James Wong, une première version cinéma rejetée en bloc par le public (et surtout par les catégories précitées), la série animée Dragon Ball Z connaît aujourd’hui une nouvelle incarnation live. Cependant, The Fall of Men n’est pas une adaptation officielle, il s’agit d’un fan film tourné avec passion et en totale indépendance par deux Français amoureux de l’œuvre d’Akira Toriyama. Yohan Faure et Vianney Griffon ont consacré deux années pleines à ce projet fou et, d’un point de vue formel, leur film s’avère être une grande réussite, d’une qualité comparable à celle d’un métrage produit dans des conditions « classiques ». On n’est en fait qu’à moitié surpris car, pour les amateurs de fantastique, ce genre de découvertes devient peu à peu monnaie courante, après, par exemple, Kaydara (2011), The Akira Project, les films de Julien Mokrani (Batman – Ashes to Ashes et Welcome to Hoxford) ou de Michaël Paris (Spawn: the Recall). Et n’oublions pas, bien sûr, le fabuleusement drôle Kung Fury du Suédois David Sandberg.

Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non, pas tout à fait… S’il distribue quelques belles claques visuelles, The Fall of Men fait aussi hélas partie de ces films à tendance autiste qui malaxent une tripotée de codes déchiffrables par les seuls otakus. À titre personnel, et bien qu’appréciant l’animation japonaise, je ne me suis jamais arrêté devant un épisode de Dragon Ball Z. Je ne sais donc presque rien des personnages, de leur histoire, et je découvre face au film de Faure & Griffon, entre autres surprises cryptiques, une collection de silhouettes aux motivations pour le moins obscures. Un type chauve très stressé court seul dans les bois, un gaillard brun — le héros — exécute, sans qu’on sache comment, des bonds de 15 km dans les airs, un être présenté comme néfaste (mais qui ne fait quand même pas grand chose) flotte au-dessus de la ville sapé comme un super-héros Marvel… Le film aligne une série de situations incompréhensibles pour le « gagabelien » néophyte et, par-dessus le marché, il le fait avec un sérieux papal, inébranlable et soutenu par un commentaire en voix off (enregistré par le chanteur Nosfell) dont le ton serait digne d’une lecture à haute voix des Méditations de Descartes. Partant avec un a priori pourtant favorable, je me suis par conséquent senti très vite rejeté par ce film snob et glacial, et par son hermétisme de principe. Chers visiteurs de Khimaira, fans ou non de Son Goku, à vous de vous faire une opinion en cliquant sur « play »…

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