Oubliez Paddington ! Les ours, les vrais, sont moins bavards et ne se goinfrent pas de marmelade. Coup de projo sur deux titres récents où les grizzlys montrent les crocs.

Il y a des stars au générique de ce film signé David Hackl (réalisateur de Saw V) : Billy Bob Thornton, Scott Glenn, James Marsden (Cyclope dans X-Men) et l’ours Bart, qui apparaît ici pour la onzième fois devant une caméra (après des apparitions dans Into The Wild de Sean Penn ou encore les séries Les Experts et Game of Thrones). Bart interprète ici un… ours, massif et maousse, qui impose sa présence en croquant des braconniers. Les viandards vicelards n’ont que ce qu’ils méritent, mais le kodiak, de près de trois mètres de haut dressé sur ses pattes arrière, va s’en prendre à un quatuor d’innocents égarés au milieu de l’Alaska sauvage.

La première moitié du film consacre du temps aux portraits de deux des protagonistes, des frères que la vie réunit après une longue séparation (l’aîné est shérif, le plus jeune sort de prison). La relation conflictuelle donne un peu d’épaisseur aux personnages, Rowan et Beckett, mais on n’est pas plus passionné que ça : on a surtout envie de savourer une histoire d’agression animale et on guette les méfaits de l’ours, aux mâchoires effrayantes. Comme dans tout film de monstre qui se respecte, la bête n’est dévoilée que petit à petit au fil du métrage. Bart n’apparaît dans toute sa majesté que dans la dernière demi-heure, alors que les héros pris en chasse s’engagent dans le « dédale des grizzlys » annoncé par le titre. Une région censément inextricable, mais où ils passeront finalement peu de temps — c’est dommage. Malgré cela, les scènes conclusives sont impressionnantes, et les plans où l’animal et les acteurs humains cohabitent dans le même cadre n’ont pas dû être évidents à tourner. Chapeau à la mise en scène et, évidemment, au travail des dresseurs Doug et Lynn Seus, spécialistes hors pairs qui formèrent la vedette à fourrure du fameux L’Ours de Jean-Jacques Annaud. Le plantigrade, aujourd’hui décédé, était également prénommé Bart. Quant à la sœur de Bart (deuxième du nom), baptisée Honey Bump, elle joue aussi la comédie. On peut admirer son talent dans Dr Doolittle 2 et Zookeeper, avec, respectivement, Eddie Murphy et Rosario Dawson. Quelle famille !

Les amateurs à la fois de plantigrades féroces et d’analyse psycho/socio visiteront les vertes forêts de Backcountry, premier long métrage du Canadien Adam McDonald. Un couple de citadins, Jenn et Alex, s’adonne à un long week-end de rando en pleine nature. Au hasard des chemins, ils croisent un type d’allure un peu louche (joué par Eric Balfour) et surtout, plus tard, un gros grizzly qui n’aime pas qu’on vienne allumer des feux de camp sur son territoire.

L’animal-vedette n’est autre que Bart, de nouveau sous les feux des projecteurs et qui, curieusement, n’est pas crédité au générique ! La lecture de ce dernier nous apprend que plusieurs ours ont été en fait enrôlés dans l’aventure, mais ce n’est quand même pas très fair-play. Cette fois, l’intrigue avec ursidé sert de prétexte à une étude surprenante (et pas inintéressante) de la position masculine dans une relation de couple. Monsieur Alex a tout organisé (il connaît en principe le lieu de villégiature comme sa poche), cependant sa virilité est mise à mal, parfois à cause d’éléments extérieurs (la rencontre fortuite avec Balfour qui, à l’inverse d’Alex, s’y connaît vraiment en vie au grand air), mais souvent à cause de sa stupide assurance de mâle urbain : le jeune gars veut surprendre sa copine, il pêche par excès de confiance, prend des initiatives malheureuses et finit par paumer son couple au milieu de nulle part.

L’embarras d’Alex et ses rapports de plus en plus tendus avec Jenn sont décrits avec justesse, et on en vient vraiment à prendre les personnages en sympathie. D’où une sacrée douche froide lorsque la bête sauvage finit par s’inviter dans l’histoire. Bien que la présence de l’ours soit signalée plusieurs fois au fil du périple, son irruption n’intervient réellement que dans le dernier acte. C’est un peu tard, mais cela n’ôte rien à la puissance des scènes réunissant l’animal et les bipèdes qui, sans ressources, doivent lutter pour leur survie. Et la mort frontale autant que pathétique d’un des héros, qui périt entre les crocs du grizzly, nous met cruellement face à la peur primale d’être mangé. À noter : le scénario s’inspire d’une histoire vraie, celle de Jacqueline Perry et Mark Jordan, attaqués en 2005 par un ours noir dans un parc de la province de l’Ontario. Amoureux et amis campeurs, évitez le Canada.

Into The Grizzly Maze sortira en France en DVD le 16 septembre prochain sous le titre Piégés (édité par Marco Polo Productions). Rien d’annoncé officiellement concernant Backcountry, mais il est possible de se procurer le film dans ses éditions DVD et blu-ray allemandes, le titre étant disponible depuis juillet chez nos voisins d’outre-Rhin.