Jimmy Guieu a été détesté par certains, adoré par d’autres, parfois raillé ou totalement ignoré. Pourtant, il faut bien reconnaître qu’il a marqué au moins deux générations de lecteurs. Celle de ceux qui ont pu le côtoyer, de près ou de loin, et celle de leurs enfants «bercée» par les récits ou les anecdotes entourant ce pionnier de l’ufologie. Les Éditions Rivière Blanche, en hommage à ce grand homme de la littérature française, nous ont concocté une anthologie regroupant plusieurs textes et de nombreux souvenirs. Peut-être l’occasion unique pour les plus jeunes d’entendre parler de ce romancier auteur de plus de cent cinquante livres.
  Richard D. Nolane plante de manière très claire le décor dans sa préface qui précède la première nouvelle du recueil Un Sphinx pour Marcahuasi de Jean-Michel Archaimbault. Cette dernière tourne autour des échanges entre trois hommes qui ont eu le privilège de rassembler de nombreux indices de la présence régulière d’extraterrestres surveillant notre Terre. Construite sur la base de conversations véridiques de personnes réelles autant que sur des livres ayant effectivement été publiés, cette nouvelle permet au lecteur de rassembler plusieurs pièces d’un vaste puzzle jusqu’à la conclusion finale ouverte vers un avenir d’exception. Certes, il est souhaitable de connaître un minimum le sujet pour s’imprégner totalement de ce récit. Cependant, il se lit sans trop de difficulté et devrait inciter le lecteur curieux à se documenter sur plusieurs points.
  En seconde position s’ouvre la Cité Noé 51 de Didier Reboussin qui se place en conclusion d’une trilogie écrite par Jimmy Guieu à laquelle appartient le roman La mort de la vie. Le héros principal, Teddy Price, y rencontre un androïde nommé Jimmy G. qui attendait son visiteur dans la cité qui donne son nom au titre. Les amateurs de clins d’œil apprécieront! Les deux protagonistes vont emprunter un passage qui les conduira sur une autre planète où les humains se sont exilés. Lieu de rencontre et de découvertes… Une nouvelle dans le plus pur style du «maître».
  Bien connu des lecteurs de Jimmy Guieu, le personnage de Jean Kariven se retrouve embarqué dans une enquête policière démarrant suite à la découverte d’un cadavre écorché dans Le miroir de fumée de Franck Schildiner. L’arrivée d’hommes maniant des armes étrangères à la Terre dans l’aventure donnera à celle-ci une orientation bien différente. Jean Kariven assistera de son mieux ses nouveaux alliés dans une course contre la montre. Leur but: récupérer un artéfact extraterrestre avant qu’il ne tombe entre les mains non-humaines d’êtres mal intentionnés. Un chassé-croisé mouvementé qui en ravira plus d’un.
  Autres personnages très connus, Gilles Novak et sa compagne Régine, sont les héros de Mars… la vérité? Une histoire riche en rebondissements mouvementés imaginée par Serge Parmentier. Un texte qui se lit avec la curiosité en sautoir jusqu’à la fin. Un message à peine dissimulé dans le texte laisse songeur une fois la lecture terminée malgré les réponses obtenues. D’où le point d’interrogation du titre…
  La nouvelle Le soleil Andalou de Michel Stéphan est relativement courte par rapport à ses voisines d’anthologie, pourtant, elle précède une chute abrupte mais terriblement réaliste. Le lecteur y suit les réflexions d’un homme qui fait partie de la génération ayant rencontré les écrits de Jimmy Guieu durant son enfance. Le récit débute dans ses souvenirs de vacances en Andalousie, sur une plage, avec de bons livres à lire. Pourtant, tout cela n’est que façade car la réalité est bien différente. Fiction ou anticipation?
  Plus court encore, mais efficace, le texte de Jean-Marc Lofficier qui nous livre le compte-rendu d’une réunion entre les protagonistes du célèbre Glaive. Malheureusement, leurs discutions confirment ce qu’indique le titre de la nouvelle: La fin du Glaive arrive à grand pas. Nonobstant, une solution existe en la personne d’un invité «surprise» qui parlera aux fans de Jimmy Guieu…
  Un partenariat source de succès littéraires entre un certain Jimmy Guieu est un dénommé Gilles Novak sert d’ossature au texte de Richard D. Nolane où la fiction semble bien dépasser la réalité. Suivez donc ce Rock ’n’ Roll et soucoupes volantes avec l’esprit ouvert qui convient à une telle lecture.
  Une jeune polarienne essayant de faire ses courses avec son fils comme n’importe quelle humaine, voici qui n’est guère commun. Malheureusement, cette action anodine pour des milliers d’êtres va prendre une tournure bien tragique lorsque tout le monde basculera de l’autre côté du miroir. Une nouvelle qui se laisse lire même si l’on se doute, quelque part, que la fin marquera un tournant particulier. Son titre: La ballade de Yuln de Thomas Géha.
  Habanita est dans de beaux draps!, la nouvelle de Roch-Alexandre Kursner, nous fait totalement sortir du registre de la science-fiction. L’auteur rend ainsi hommage aux rares romans policiers, publiés dans les années 50, écrits par Jimmy Guieu sous le pseudonyme de Claude Rostaing. Un policier s’efforce de démasquer le meurtrier d’un certain Monsieur Vaugirard qui a été découvert avec un coupe-papier planté dans la gorge. Une nouvelle emplie d’indices et d’interrogations jusqu’au dénouement final qui s’avère digne des meilleurs romans du genre.
  Roland C. Wagner nous offre ensuite La chanson de Jimmy où il relate ses rencontres avec Jimmy Guieu en personne. Il pose également dans ce texte de nombreuses questions et hypothèses concernant l’existence, mais surtout le décès, de l’écrivain. Une invitation à relire les œuvres du «maître» en laissant de côté ses préjugés ainsi que tout ce que l’on croit savoir afin de parcourir quelques zones d’ombre fort attirantes.
  Presque une «guest star», le treizième et dernier texte est signé par Jimmy Guieu en personne. Assez loin du style d’une nouvelle, L’aube de l’ufologie s’avère une lettre ouverte qui apporte son lot de souvenirs sur de nombreux événements ayant ponctué la montée en puissance de l’étude des OVNI en France comme ailleurs. On y découvre plusieurs pistes qui sont autant de sentiers tracés au travers de l’information comme de la désinformation sur le sujet. Une véritable pépite pour celles et ceux qui sauront lire entre les lignes.
  Vous l’aurez sans doute compris, Dimension Jimmy Guieu est l’occasion de lire des textes originaux dans la veine de ceux écrits par le romancier à succès. Une source de dépaysement comme de moments de lectures privilégiés. Et si les nouvelles de ce recueil vous donnent envie d’aller parcourir quelques œuvres du «maître», il est fort à parier que vous ne le regretterez pas. Après tout, cette anthologie, hommage sincère d’hommes à un ami disparu prématurément, est la preuve, s’il fallait encore en trouver une, de la maestria passée de Monsieur Jimmy Guieu. Bonne lecture!