Certes, Délivre-nous du mal sonne un peu comme un film de seconde zone, une bonne série B qu’on regarde le dimanche pour se faire un peu peur. Encore une nouvelle histoire d’horreur autour de l’exorcisme, du vu et revu bien réchauffé. Bien mal vous en prendra, car ce long-métrage parvient à tirer son épingle du jeu grâce à différents éléments qui en font un bon thriller horrifique et non un film d’horreur pur et dur.

L’histoire est centrée sur un policier travaillant pour la criminelle de New York, opérant surtout le soir et enquêtant sur des choses pas très jolies : femmes battues, meurtres ou encore bébés jetés à la poubelle. Au milieu de ce maelstrom, le personnage interprété par Eric Bana fait la loi grâce à une intuition hors du commun, un Radar comme l’appelle son collègue. C’est ce sixième sens qui va le mener sur différents cas au cours d’une même nuit, une femme battue par son mari devenu fou, une mère jetant son bébé dans la fosse aux lions du zoo, ces deux affaires étant liées, car les maris étaient membres des marines dans le même régiment. Et c’est alors que commence la descente aux enfers, le policier se retrouvant face à une nouvelle forme de folie qu’il ne peut expliquer. Il va alors se tourner vers un prêtre pour trouver des réponses auxquelles il ne veut pas croire.

Le pitch n’a rien de novateur, un flic badass qui rencontre des affaires bien glauques de gens possédés et finit par faire appel au prêtre alcoolique du coin pour régler tout ça. Mais le réalisateur va bien plus loin. L’homme, à qui l’on doit notamment L’exorcisme d’Emily Rose et plus récemment Sinister, parvient à doter son film d’une narration très efficace. Il n’y a pas de temps mort et peu de plans qui ne servent à rien. La pression, présente dès les premières minutes, ne s’effacera qu’après l’exorcisme final.

Sans aller dans les clichés du genre, le réalisateur jongle entre film noir avec comme cadre la jungle new-yorkaise, mais également avec le film d’horreur. Étant un habitué du genre, c’est sur ces moments du film que le cinéaste est le plus efficace. En effet, il utilise avec parcimonie le jump and scare, nous offrant quelques sursauts bien venus, une légère impression de maison hantée (notamment avec la scène de la peluche) et surtout un exorcisme final plus que réussi. C’est cet élément qui est à souligner, tant les films qui se sont cassé le nez dessus sont nombreux. Ici, la scène face au démon dure le temps qu’il faut, n’en rajoute pas dans une surenchère d’insultes ou de vomi. L’exorcisme est réussi et efficace pour conclure ce film.

A l’image du final, le film est réalisé sur un très bon rythme. Pas trop rapide ni trop long, le côté surnaturel est amené au bon moment sans donner l’effet d’un cheveu sur la soupe. De plus, l’esthétique de Délivre-nous du mal est très soignée. La majorité se passe la nuit, offrant des plans aussi angoissants que glauques. La lumière et la photographie sont également soignées pour accentuer encore plus l’ambiance pesante.

Ce n’est pas le film de l’année, mais il faut admettre que Délivre-nous du mal se démarque plutôt bien d’autres titres du même genre. C’est un thriller horrifique offrant une réelle enquête autant que de réels moments d’angoisses, pas à la hauteur de certains films d’horreur, mais suffisant pour vous maintenir dans une tension permanente. Ce long métrage est en somme un bon mélange des deux premières réalisations du cinéaste, mélangeant enquête et exorcisme réussi pouvant nous faire croire que de tels événements sont possibles dans la Big Apple, surtout quand on apprend au générique que tout ça est basé sur le témoignage d’un enquêteur new-yorkais.