Le second tome de Coyotes nous met en présence de deux communautés de femmes : la première, menée par Olive, croit en la miséricorde et le pardon, elle accueille en son sein les « coyotes » en quête de rédemption ; l’autre, que dirige Duchesse, campe sur des positions vindicatives et nie toute possibilité de rachat pour les assassins et les violeurs. Quant aux « loups », sûrs de leur supériorité naturelle sur les « chiennes », ils sont toujours là et ruminent leur vengeance après l’humiliation subie dans le premier volet…

Le comics à thèse de Sean Lewis et Caitlin Yarsky est introduit par une page superbement élogieuse écrite par Ben Blacker, co-auteur féministe de Hex Wives, un autre titre très récent où s’expriment la colère et la révolte des femmes contre l’oppression masculine. Des propos liminaires qui ont tendance à couper l’herbe sous le pied du chroniqueur : en effet, Coyotes constitue « un ajout pertinent à la littérature d’horreur », de même que l’œuvre et son approche intelligente, innovante du thème du loup-garou « symbolisent de lourds enjeux sociaux et de genre ». Outre des portraits féminins toujours puissants, ce second volet met en scène des face-à-face d’une tension dramatique redoutable, lorsque, par exemple, devant l’assemblée des femmes des coupables d’agression doivent reconnaître leur infamie. Leurs pleurs et les remords qu’ils expriment sont-ils sincères ? Ne seraient-ils pas prêts à sévir à nouveau s’ils retrouvaient leur liberté d’agir ? Le traitement des auteurs n’est pas univoque, la lâcheté et la veulerie ne sont pas des travers intrinsèques à la nature masculine (Coffey, un ex-flic déjà présent dans le premier tome, est là pour le rappeler). Cela dit on ne peut faire autrement que ressentir un profond désarroi face à la peinture — réaliste — de la phallocratie criminelle et des comportements de meute. Le style graphique de Caitlin Yarsky est toujours magnifique — la noble beauté des visages de femmes comme la hideur flamboyante de l’incroyable loup de lave — et l’on a qu’une envie une fois le volume achevé : reprendre la lecture depuis le début pour savourer pleinement la richesse esthétique et thématique de ce formidable comics.

En librairie à partir du 17 juin 2020. Le titre est disponible en format Kindle depuis le 1er avril. Retrouvez ici notre chronique du premier volume.