À l’origine, il y a la collection Goosebumps, série de romans d’épouvante pour la jeunesse, tous sortis de l’imagination de l’auteur américain Robert Lawrence Stine (ou R.L. Stine, sa signature sur chaque volume) et éditée en France sous le titre Chair de poule. La collection (87 titres) a déjà été portée à l’écran sous la forme d’une série télé, dans les années 1990. Il s’agit ici de la toute première adaptation au cinéma, et l’affiche ressemble beaucoup à celle d’une production Amblin des années 1980. Mais attention, Chair de poule est loin d’être digne de Gremlins ou des Goonies !

À la différence de la série TV (dont chaque épisode, indépendant des autres, reprenait l’histoire d’un des bouquins), le scénario de ce long métrage ambitionne de donner dans la nouveauté. Sauf que les auteurs du script (ils s’y sont mis à trois) n’ont pas pour autant fait beaucoup d’efforts. Ça va mal d’entrée de jeu, lorsqu’on fait connaissance avec les héros tout en stéréotypes. La vedette est un sempiternel « new kid in town », un lycéen de la Grosse Pomme qui vit mal son déménagement dans une petite ville de rien du tout dans le Maryland. Comme de bien entendu, sa nouvelle voisine n’est autre qu’une jolie jeune fille de son âge avec qui il a vite fait d’échanger des sourires. Le début d’un récit jalonné de balises et dont la seule petite originalité consiste en une mise en abyme faisant intervenir l’auteur des romans : R.L. Stine himself (enfin, pas tout à fait : son personnage est joué par Jack Black) s’avère être le papa de la demoiselle, et figurez-vous, nom d’une pipe, que les créatures de ses livres ont tendance à s’échapper des pages pour envahir la réalité.

Servi par des effets visuels numériques d’une qualité toute relative (l’abominable « snowman » n’est pas mal, le loup-garou est hideux), l’argument magique est un alibi foireux qui ne parvient jamais à rendre crédible l’irruption du surnaturel. L’histoire recèle d’ailleurs bien d’autres facilités qui font hausser les sourcils, et les responsables du script ne se sont pas non plus gênés pour pomper allègrement Gremlins, cité plus haut, dans une dernière demi-heure se voulant déchaînée mais qui ne peut jamais rivaliser avec la frénésie du chef-d’œuvre anar de Joe Dante. Bien au contraire, le film respecte à la lettre l’esprit des romans, entendons par là que les péripéties ne font jamais vraiment peur (rappelons que la série littéraire est éditée en France par le groupe catholique Bayard Presse) et que les situations, même désespérées, trouvent très vite une solution. Et au passage, un peu de promo ne faisant jamais de mal, on peut capter par-ci, par-là, des allusions faussement détachées au grand succès commercial des romans. Bref, le film de Rob Letterman (Gang de requins, Les Voyages de Gulliver, déjà avec Jack Black) est une entreprise fort peu louable, qui peut à la rigueur faire l’affaire d’un bon public familial du dimanche après-midi, peu enclin aux considérations critiques. Sinon, la chose est à proscrire pour quiconque de plus de 13 ans.

Sortie dans les salles françaises le 10 février 2016.