On ne revient pas sur le film lui-même, qui garde les qualités qu’il avait en salle (lire ici la chronique datée d’octobre 2017). En revanche, cette édition DVD propose des bonus plutôt intéressants, constitués pour l’essentiel de trois courts métrages ambitionnant de combler plusieurs trous narratifs du film. Non pas que celui-ci ait été mal écrit, loin de là, mais malgré le long texte introductif qui ouvre la projection, Blade Runner 2049 ne porte pas à notre connaissance tous les tenants et aboutissants de faits notables évoqués à plusieurs reprises dans les dialogues. D’où un possible questionnement, bien légitime, du spectateur. Signalons toutefois que Warner a déjà « lâché » lesdits courts métrages sur YouTube en septembre, un mois avant la sortie du film, cependant sans sous-titres. Les versions disponibles sur le DVD sont évidemment pourvues de traductions.

S’exprimant en anglais avec un accent français très rigolo, le réalisateur canadien Denis Villeneuve nous explique avoir demandé à des amis réalisateurs de tourner les fameux courts métrages, dont les histoires se déroulent entre le Blade Runner de Ridley Scott et le sien. Le premier, sans doute le plus surprenant, intitulé Blackout, nous expose les événements de 2022 ayant conduit, donc, au grand « black-out » auquel les personnages du film font plusieurs fois allusion (une perte quasi-totale des données numériques stockées sur les disques durs de la planète). Un acte délibéré, terroriste, qui nous est relaté sous la forme d’un film d’animation de 15 minutes par Shinichiro Watanabe (le réalisateur de Cowboy Bebop). Le choix de Watanabe fait plaisir car, comme je m’étais plu à le remarquer dans ma chronique d’octobre, l’héritage de l’animation japonaise dans Blade Runner 2049 est énorme, et il était naturel que la production profite de ces programmes courts pour rendre hommage aux travaux des artistes de la science-fiction nippone. Et bien sûr, le film de Watanabe est passionnant et visuellement somptueux, à la hauteur des précédentes réalisations du cinéaste.

Les deux autres courts métrages, tournés par Luke Scott, reprennent le style, l’ambiance et les comédiens de Blade Runner 2049 : Nexus Dawn, avec Jared Leto, nous explique comment le généticien et businessman Niander Wallace est parvenu en 2036 à convaincre les autorités policières de rendre à nouveau légale de la production de réplicants, avec l’assurance qu’ils soient plus dociles que ceux de la première génération. Six minutes tendues qui précèdent le visionnage de l’ultime film court, Nowhere to Run, où l’on retrouve cette fois le réplicant Sapper Morton, le personnage campé par Dave Bautista, qui a notre sympathie et auquel Ryan Gosling, alias K, règle son compte dans la scène d’ouverture du film de Villeneuve. Comment l’agent K réussit-il à débusquer Morton, qui vivait planqué depuis des années ? Les cinq minutes tournées par Luke Scott nous disent tout. Nowhere to Run a beau être bref, il n’en est pas moins intense et tragique.

Au menu des suppléments, on trouve également quelques petits modules explicatifs de deux minutes chacun, plus anecdotiques et assez pauvres en contenu, ainsi qu’un reportage de 10 minutes conforme à la tradition des interviews promotionnels du cinéma US (des intervenants impliqués à divers postes dans la production nous expliquent avec enthousiasme tout un tas de choses qu’on a déjà très bien compris à la seule vision du film).

DVD et blu-ray sont disponibles depuis le 14 février 2018 (Sony Pictures Home Entertainment).