Véritable ovni de la scène musicale bretonne, Pascal Lamour est aussi mystérieux que sa musique. Initiateur de projets hors du commun, nous avions pu le voir l’année dernière en compagnie de l’harpiste Myrdhin pour le très réussi Magic chaudron. Féru de surréalisme, d’ésotérisme et de druidisme, ancien pharmacien, Pascal Lamour est un touche à tout qui cherche à retranscrire dans sa musique le brassage de ses influences et de ses goûts.
Ce nouvel album de Pascal Lamour est clairement placé sous le signe de l’onirisme avec son titre évocateur Avais-je rêvé ?
Cet album est accompagné d’un luxueux livret qui comprend tous les textes des chansons et leurs traductions en français. Surtout, on trouvera un DVD comprenant un reportage permettant de mieux comprendre la démarche et la musique de cet Electro Shaman. Car c’est désormais sous cette appellation que l’on définit le style de Pascal Lamour. Un style empreint des forces telluriques et des technologies les plus modernes. A ce titre, les deux morceaux de Louise Ebrel symbolisent le passage de témoin entre ces deux mondes qui trop souvent se rejettent mais ont pourtant tant à apprendre de l’autre. Il faut entendre « De Leila » et « Er Valafenn » pour comprendre ce que signifie le brassage des genres musicaux prôné par Pascal Lamour où comment mêler la voix éternelle de Louise Ebrel à des beats électro et des instruments « World » comme le balafon ou la sanza.
L’artiste breton nous emmène en 10 titres sur des terres shamaniques pour capter cette part de rêve enfouie qui sommeille en chacun de nous. Les textes rendent hommage à cette terre nourricière, terre des Hommes, et à ces légendes primitives peuplées de rêves et d’épopées fantastiques. Des sonorités orientales s’entremêlent dans des beats électro et des caisses claires (« Langes en lambeaux ») puis Nolwenn Korbell vient poser ses cordes vocales dans un blues bretonnant surprenant (« Me Ivez »). L’esprit traditionnel est assuré par le Kan ha Diskan de Tri Pochon Noz.
On retrouvera aussi sur cet album la mythique « Kornobus », une pièce musicale qui contribua grandement à la renommée du Shaman breton. Son esprit naviguera encore dans une transe funéraire sur « Minoarh » le temps de dernières retrouvailles avec l’Ankou. Alors, l’heure sera venue d’accomplir un dernier voyage vers les îles (« Per insulas »), un voyage mystique, envoutant, presque nostalgique, un dernier appel vers les esprits avant le grand voyage vers l’île d’Avalon