Après Secrets du Marrakech, la série reste en Afrique mais en Afrique noire cette fois. Dans les années 20, le Kenya constitue une porte d’accès et une figure emblématique de cette région du monde. Elle est la terre d’une nouvelle figure héroïque, le grand chasseur blanc, et le lieu d’une révolution scientifique à venir en s’avérant être le berceau de l’humanité.

Mais derrière cette figure romantique se cache une réalité bien plus sombre. La vie sur place est difficile et pleine de dangers, et le système de classes sociales, basées sur la couleur de peau, rend l’ambiance particulièrement tendue. Dans le cadre particulier de Chutlhu, être le berceau de l’humanité va aussi de pair avec une présence plus primitive et plus profonde du Mythe. Le pays occupe d’ailleurs une place particulière dans cet univers qui justifie pleinement d’y consacrer un supplément de cette importance – sa pagination a été singulièrement augmentée en comparaison de ses équivalents sur le Maroc et New-York.

Le chapitrage conserve néanmoins toujours le même formalisme, ce qui est très appréciable pour s’y retrouver, avec une bonne moitié de l’ouvrage consacrée à la description du pays et l’autre moitié pour les scénarios.

Côté univers, un aperçu de la culture, de l’histoire et des principaux lieux du pays permet de s’imprégner de l’ambiance. Il faut dire que le MJ doit ici affronter un double challenge, celui d’une époque différente de la notre et celui d’un lieu tout à fait exotique à nos yeux d’Européens. Cette partie se révèle néanmoins largement assez riche en informations pratiques pour être exploitable dans le cadre d’un jeu de rôle. Au même titre que les autres suppléments de la série, Secrets du Kenya évite tout caractère encyclopédique, et préfère offrir des lieux et des PNJ précis que le MJ pourra réutiliser facilement. Les amateurs d’histoire pointue en seront pour leur frais, mais les joueurs devraient y trouver leur bonheur. Le supplément comprend aussi un bestiaire sur la faune locale, qui s’il reprend des éléments du Malleus Monstrorum lui permettent d’être complet.

Le Kenya étant par ailleurs la porte d’entrée de l’Afrique Noire continentale, le pays est riche en enjeux politiques et économiques, qui viennent s’ajouter aux enjeux sociaux et à un vaste territoire encore en grande partie à découvrir. Autant de promesses de nombreuses aventures variées !

Cette variété constitue de fait bien le point fort des quatre scénarios proposés, de très loin les meilleurs des trois « Secrets de » parus jusqu’ici. Ils offrent une bonne diversité de situations, de durées de jeu et de difficultés. Avec une mention spéciale pour le premier d’entre eux, dont le déroulement original constitue une véritable descente aux enfers pour les PJ et contient toutes les promesses de séances de jeu mémorables.

Plus complet, avec des scénarios sont plus intéressants et sur un sujet occupant une place particulièrement central dans le mythe de Cthulhu ; autant d’avantages qui occultent les quelques défauts que pourraient avoir ce supplément (personne n’est parfait…) et en font le plus réussi des trois "Secrets de…" paru jusqu’ici en V.F !