Le petit dernier de la famille Appel de Cthulhu en impose, avec ses quelques 300 pages bien remplies ! Si cette compilation a d’abord été publiée en Allemagne, sa version en anglais, remaniée et complétée, qui est ici traduite par Sans Détour.

Le Malleus Monstrorum est donc un catalogue de créatures et dieux du Mythe de Cthulhu construit comme la référence définitive. Il reprend non seulement les créations de Lovecraft, mais aussi nombre de celles apparues dans des pastiches du maitre dont certaines ont indéniablement conquis lecteurs et joueurs, comme les Chiens de Tindalos. L’ouvrage comprenant même des entrées plus classiques comme des animaux, il n’a pas de mal à s’imposer effectivement comme la ressource la plus complète à ce jour sur le sujet.

Un Bestiaire à la D&D n’étant définitivement pas la forme qui conviendrait à un jeu comme l’Appel de Cthulhu, l’intérêt d’un tel catalogue constitue une question pertinente. Le Malleus Monstrorum est de ce côté une demi-réussite. Chaque entrée comprend beaucoup d’informations, par exemple sur les cultes consacrés aux dieux, mais la facture reste classique. D’autres jeux, comme Cthulhu (l’autre adaptation du Mythe parue au 7e Cercle) avait pourtant montré comment un bestiaire pouvait très bien être orienté vers l’enquête et le mystère.

Impossible de ne pas évoquer aussi la forme. En effet, le Malleus Monstrorum n’est pas illustré de manière traditionnelle, mais avec de nombreuses œuvres d’art (statut, dessins…) ou objets divers (publicités d’époque, affiches…) qui présentent des liens plus ou moins forts avec le Mythe. La décoration d’un vase provenant de telle civilisation peut évoquer un dieu, un autre dessin mettre en scène une pratique occulte… Il s’agit donc autant d’illustrations que d’aides de jeu à intégrer dans vos scénarios. C’est ingénieux et permet de donner à ce bestiaire une toute autre ampleur.

A l’arrivée, nous obtenons avant tout un outil pratique pour le jdr, soit un positionnement quasiment opposé au précédent supplément de la gamme, Forensics, profiling & serial killers. Il s’intègre aussi bien mieux dans la gamme que ce dernier. Déjà parce qu’il est entièrement consacré au Mythe, sujet sur lequel Forensics fait étonnant l’impasse. Mais aussi parce qu’il est parfaitement cohérent avec les choix éditoriaux effectués sur le livre de base qui ont amenés à réduire la partie encyclopédique au minimum là où la V.O. se voulait plus exhaustive, évitant ainsi un double emploi avec ce supplément.

Un peu de modernité dans le contenu des fiches descriptives auraient certes été la bienvenue ; mais ce défaut est mineur face à sa complétude et surtout la riche et l’originalité de son iconographie, faisant du Malleus Monstrorum un supplément des plus réussies !