Après Arkham et Dunwich, c’est au tour de la ville d’Innsmouth d’avoir l’honneur d’un supplément dans la désormais bien vaste gamme de l’Appel de Cthulhu 6e édition VF.

Sur le fond, Innsmouth est proche de Dunwich. Ce petit village de pêcheur a connu une certaine prospérité mais a depuis vu son économie balayée. Pris dans une spirale descendante infernale, il s’est lui même souillée et corrompu et est aujourd’hui le repère de… chut ! Les lecteurs de Lovecraft le savent déjà, mais gardons le, ou plutôt les mystères pour les autres.

Pour un lieu aussi restreint, le supplément est plutôt imposant avec ses quelques trois cents pages. Si sa structure repose toujours sur le modèle éprouvé univers / scénarios – le tout accompagné d’une carte insérée dans l’ouvrage comme pour les autres suppléments de la série les Terres de Lovecraft, la répartition est ici plus inhabituelle. Sans compter la nouvelle Dunwich qui introduit l’ouvrage sur une trentaine de pages (tout de même), la partie univers n’occupe en effet pas plus de 80 pages, le reste de l’ouvrage étant dévolu aux scénarios.

Ceux-ci sont répartis en trois parties, avant, pendant et après la chute d’Innsmouth – il s’agit d’ailleurs du sous-titre du supplément. La « chute » occupe à elle seule pas moins d’une centaine de pages et forme rien de moins qu’une mini-campagne, surtout si elle est jouée avec deux autres scénarios pouvant servir d’introduction et d’épilogue à cette aventure.

Une aventure particulièrement ambitieuse il faut le dire ! Les PJ vont participer chacun à l’une des cinq opérations militaires menées par le gouvernement américain. Ce dernier a en effet mené une enquête sur Innsmouth et est convaincu de l’envergure des activités illégales de ses habitants – même s’il n’y voit pour l’instant que du crime organisé tout ce qu’il y a de plus classique. Les cinq opérations, qui visent chacune un objectif différent dans la ville, sont jouées en parallèle, les joueurs incarnant des personnages secondaires dans les opérations auxquelles leur personnage ne participe pas.

L’action, omniprésente, n’est pas sans rappeler Alone in the Dark (le jeu vidéo), Aliens (le film de James Cameron) ou encore Sanctuaire (la BD). Le nombre de PNJ, la quantité d’événements et de lieux et les répercutions des opérations entre elles en font clairement un scénario difficile à gérer et qui nécessitera un travail de préparation minutieux de la part du MJ. Correctement mis en place, il a cependant tout ce qu’il faut pour être mémorable. Son originalité lui permet par ailleurs de se démarquer largement de la production habituelle.

Dans tous les cas, il constitue clairement la raison d’être de ce supplément, ce qui signifie aussi qu’Innsmouth présente moins d’intérêt si ce n’est pas pour jouer cette aventure. Les joueurs auront en effet peu de chance de profiter d’un scénario d’enquête plus classique dans le village, ne serait-ce qu’en raison de sa réputation connue du moindre lecteur de Lovecraft et de la plupart des joueurs réguliers de l’AdC.

Il faut donc bien être conscient qu’Innsmouth est plus une campagne qu’un supplément de contexte. Cette considération en tête, il se révèle encore une fois de haute tenue. Avis aux amateurs !