Le monde se résume à quelques dômes abritants les survivants des radiations nucléaires. Paris est l’une de ces cités rappelant l’âge d’or de l’humanité. Mais Paris est bien loin de sa splendeur passée. Ce n’est plus qu’un ensemble d’immeubles dont les étages les plus bas sont baignés dans une brume radio-active ; le périphérique est cerné d’une muraille pour prévenir l’invasion des mutants vivant dans les banlieues ; les gangs règnent en maîtres dans la plupart des rues ; l’Armée de Paris ressemble à une milice dictatoriale.
Gabriel survit dans ce monde qu’il a toujours connu. Le jour il est détective, plus pour soigner son âme que pour gagner sa vie. La nuit il se drogue pour oublier son passé, pour ne pas dormir et revivre en boucle le même cauchemar. Ce matin n’a rien d’extraordinaire ; une cliente lui demande de retrouver les assassins de sa soeur, un meurtre trop banal pour que l’Armée de Paris enquête. Quelques heures plus tard, Gabriel retrouve le corps de sa cliente, et la tête tranchée d’un psilien, un mutant télépathe, avec son nom dessus.
De passerelles en ruelles sombres, des hautes tours aux bas-fonds de la ville, Gabriel se retrouve au coeur d’une machination qui le dépasse et qui pourrait avoir des conséquences bien au-delà de ses cauchemars les plus tordus.

L’image qui vient immédiatement à l’esprit à la lecture de 2087 est celle de Blade Runner. Un univers sombre, sans aucun espoir, où chaque clan lutte pour sa survie par habitude, plus que pour atteindre un vrai but. Les habitants de Paris se soumettent à une loi quasi-martiale pour tenter d’échapper à la pollution mortelle de l’extérieur ; les mutants ne rêvent que de faire tomber l’ancienne capitale, qu’ils voient comme un rappel insultant de leur condition de non-humains ; les psiliens méprisent les mutants difformes et haïssent les humains normaux qui les fichent comme du bétail. Au final chacun sait que le monde est perdu, que rien ne pourra jamais s’améliorer.
David Bry  dépeint un monde sans espoir, sans issue, où chaque jour apporte son lot de déceptions. Les personnages secondaires sont là pour rappeler au héros la misère de sa vie. Les douleurs liées à son enfance, ses amours ratées, la longue suite de nuits sans sommeil. Même les anciens clients de Gabriel sont des tâches sombres dans l’obscurité. Ils le remercient pour avoir retrouver le meurtrier d’un fils, pour avoir permis à un enfant de mourir libre chez les mutants plutôt que dans les geôles de l’armée. Tous l’apprécient pour avoir soulagé leur peine, jamais pour avoir sauvé quelqu’un. Dans le monde de 2087 personne n’est jamais sauvé.
L’intrigue est bien amenée, difficile à deviner entièrement avant la fin. Le style est parfaitement adapté à l’univers. Incisif, parsemé d’humour noir, et ne laissant pas au lecteur de temps de reprendre son souffle.
Au fur et à mesure la pression monte, jusqu’à une libération dans un final superbe et cadrant parfaitement avec le reste de l’histoire.